A l’écart du show business, rare à la télévision, Jean Ferrat s’était retiré dans les années 1970 en Ardèche, région qui lui avait inspiré l’une de ses plus belles chansons, La Montagne. Artistes et politiques ont salué la mémoire chanteur disparu, samedi, à l’âge de 79 ans.
En 2003, après sept années de silence, Jean Ferrat était revenu avec un album enregistré en public et l’émission Vivement Dimanche.
, qui avait reçu le chanteur sur son célèbre canapé rouge, a rendu un vibrant hommage à cette plume, parfois acérée: «C’est une partie de la France, c’est toute une génération qui doit avoir beaucoup de chagrin aujourd’hui parce que c’est un des derniers géants qui disparaît. Il y avait Brel, il y avait Brassens, il y avait Ferré et il y a Jean qui était le dernier des Mohicans. C’est toute une page de la chanson française qui se tourne ».
«C’est un poète qui disparaît, mais Ferrat ce ne sont pas que des chansons (…) C’est quelqu’un qui a connu l’antisémitisme, le nazisme, il avait ses convictions chevillées au corps (…) Les derniers mots qu’il m’a dit c’est ‘Michel, dimanche j’espère que tu vas être digne».
«Jean était un ami très proche depuis 45 ans… Il y a des millions de gens très tristes ce soir: ceux qui sont engagés comme lui, ceux qui aiment la montagne, ceux qui aiment à perdre la raison, l’une des plus belles chansons d’amour. Jean Ferrat a quitté ce métier très tôt, dès 1975, dès qu’il a constaté qu’il devenait une industrie. Il a fait de l’Ardèche son nid», a indiqué Michel Drucker sur France Info, avant d’ajouter: «Il a marqué son époque. J’espère que les jeunes écouteront Ferrat».
Précisant que le chanteur avait «toujours eu des problèmes pulmonaires», il a confié que «sa santé avait décliné ces deux dernières années» et qu’il «était très démoralisé, très anxieux, très inquiet».
– George Moustaki: «On avait la même philosophie, le même regard. C’était quelqu’un d’exemplaire, il n’a rien sacrifié de ce qui lui tenait à coeur», s’est épanché le grand monsieur qui, à bientôt 76 ans, est de la même génération que Jean Ferrat. «Je savais qu’il avait passé une longue période d’hospitalisation. Je lui avais dit que je reprenais la scène. Il m’avait dit que c’était fini pour lui».
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«Il y avait un lien très fort entre nous», a ajouté Moustaki sur LCI, évoquant ensuite leur jeunesse et leurs débuts, à la même époque: «dans les années 50, on avait commencé à écrire des chansons ensemble. Il a eu très vite un grand succès par la beauté de sa voix qui était exceptionnelle». George Moustaki a souligné ensuite la grande force poétique des chansons de Ferrat, en affirmant: «c’était un homme engagé, mais il n’était pas un hurleur de sentences. Il le faisait avec poésie».
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:«Jean Ferrat était l’un des grands de la chanson. Son oeuvre magnifique était en symbiose totale avec ce qu’il était. Il aimait les chansons frondeuses. Nos liens affectifs étaient très forts depuis tant d’années : on a galéré ensemble… Il avait choisi de se retirer. Il n’a jamais été à l’aise sur la scène car il était dévoré de trac. Son plaisir était d’écrire de belles chansons. C’était un homme ouvert à tout, un militant de gauche, de ceux qui défendent un communisme pur. Il était resté fidèle à ses convictions et aux valeurs auxquelles il croyait».
– Mireille Mathieu:«Jean Ferrat était l’un des mousquetaires de la chanson française. C’était un monstre sacré, comme Ferré, Brel et Brassens. Les chansons de Jean Ferrat resteront à jamais, comme Aimer à perdre la raison. Nous n’avons jamais eu l’occasion de travailler ensemble. Je respectais ses engagements. C’était un pur».
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:«Nous perdons un très grand artiste. Jean était un auteur immense, un homme d’une gentillesse admirable avec de la tendresse plein les yeux et plein la voix. C’était un homme profond. J’ai beaucoup de peine. Son oeuvre est considérable avec une voix magnifique».
– Pour le chanteur Daniel Guichard, à qui Ferrat avait écrit Mon Vieux (1974), «Jean, c’était avant tout le respect. Le respect des gens, une façon discrète d’être là».
– Pascal Nègre, président d’Universal Music France:«Avec la disparition de Jean Ferrat, c’est un pan entier de la musique française qui disparaît. Je salue l’artiste, l’humaniste et le militant».
– Roland Leroy, l’ancien directeur du journal l’Humanité, très ému, a fait part à Europe 1 de «son immense tristesse et de son déchirement». «J’aimais toutes ses chansons», a-t-il reconnu.
Dimanche 14 mars 2010