Les patients atteints d’un cancer du rein métastatique en rémission complète sous inhibiteurs de tyrosine kinase pourraient interrompre leur traitement, estiment des spécialistes français du cancer du rein dans une étude publiée en ligne sur le site de la revue Journal of Clinical Oncology.

Bernard Escudier, oncologue à l'Institut Gustave Roussy, est l'un des deux auteurs d'une étude française qui suggère la possibilité d'interrompre le traitement par inhibiteurs de la tyrosine kinase chez les patients en rémission complète d'un cancer du rein métastatique.

L’avènement des thérapies ciblées a révolutionné le traitement des

 cancers du rein métastatiques qui ne bénéficiaient d’aucune chimiothérapie efficace. Ceci est particulièrement vrai avec les

inhibiteurs de tyrosine kinase, comme le sunitinib (

Sutent ®) ou sorafenib (

Nexavar ®), qui ont porté à plus de 2 ans la survie globale de la moitié des patients. Plusieurs cas de rémissions complètes ont même été observés, amenant les cancérologues à se poser la question de l’arrêt du traitement.
Pour approfondir cette question, les Drs Laurence Albiges et Bernard Escudier, cancérologues et spécialistes du cancer du rein et de l’immunothérapie à l’Institut de cancérologie Gustave Roussy (IGR), ont mené une étude rétrospective auprès de 64 patients en rémission complète avec des inhibiteurs de tyrosine kinase, seuls ou en complément d’une thérapie locale (chirurgie, radiothérapie ou radiologie interventionnelle).
Parmi ces patients, 36 étaient en rémission complète sous l’un des deux inhibiteurs de tyrosine kinase pré-cités, tandis que les 28 autres cas l’étaient avec un traitement local en plus :
– Sur les 28 patients uniquement sous inhibiteur de tyrosine kinase qui ont stoppé leur traitement, 17 (soir 61 %) étaient en rémission complète 255 jours après.
– Sur les 25 patients qui ont interrompu leur traitement associant un inhibiteur de tyrosine kinase et un traitement local, 12 (soit 48 %) étaient en rémission complète 322 jours après.Pour les auteurs, ces résultats montrent que “l’arrêt du traitement après rémission complète sous inhibiteurs de tyrosine kinase est une option acceptable“. Ils encouragent néanmoins la réalisation de travaux supplémentaires pour “identifier les facteurs biologiques prédictifs du risque de récidive post-rémission complète, après l’arrêt du traitement“.Amélie Pelletier
Source
“Complete remission with tyrosine kinase inhibitors in renal cell carcinoma“, Journal of Clinical Oncology (publication en ligne). Communiqué de presse de l’Institut Gustave Roussy, le 23 janvier 2012.Crédit photo : STEVENS FREDERIC/SIPA