Presque dix ans après l’explosion du scandale du Mediator®, un médicament ayant entraîné de graves troubles cardiaques parmi les 5 millions de Français qui l’utilisaient et plusieurs centaines voire milliers de morts, les laboratoires Servier vont comparaître ce lundi 23 septembre devant le tribunal correctionnel de Paris pour “tromperie aggravée, escroquerie, blessures et homicides involontaires et trafic d’influence”. Retour sur une affaire hors norme.

Sommaire

  1. 5 millions de Français ont utilisé le Mediator®
  2. Servier et l’ANSM, responsables de plus de 2000 décès ?
  3. 7 mois de procès

Dans un communiqué du 19 septembre 2019, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a annoncé l’ouverture du procès du

Mediator

® le lundi 23 septembre au tribunal de grande instance de Paris, en vue de juger les laboratoires Servier pour “tromperie aggravée, escroquerie, blessures et homicides involontaires et trafic d’influence” après que des milliers de patients ont souffert voire succomber de graves

maladies cardiaques imputées au médicament. L’ANSM sera elle aussi jugée pour “homicides et blessures involontaires”, ayant tardé à le retirer du marché.5 millions de Français ont utilisé le Mediator®Près de 2700 victimes se sont portées partie civile. Ce qu’elles espèrent ? La “reconnaissance de leurs souffrances”, et “que justice leur soit rendue”. Elles reprochent aux laboratoires d’avoir dissimulé les véritables nature et effets du Mediator®. Entre 1976, date de sa commercialisation, et 2009, l’année où il est retiré du marché, pas moins de 5 millions de Français l’auraient utilisé. Et bien souvent, il était détourné de son usage principal : présenté comme un

hypolipidémiant et un adjuvant au régime des

patients

diabétiques de type 2, il a été prescrit dans la majeure partie des cas (57,5%,

selon une enquête réalisée par Doctissimo en 2011) comme anorexigène, ou

coupe-faim. Sa molécule, le benfluorex, dérivée de l’amphétamine, est interdite dès 1995 dans les préparations en pharmacie, ses effets néfastes sur le cœur étant connus. L’Isoméride® et le Pondéral®, d’autres coupe-faim du groupe Servier, parce qu’ils contiennent le même type de molécule de la famille des fenfluramines, sont également retirés du marché. Mais pas le Mediator®, qui continue à s’écouler à raison de 145 millions de boîtes au total, malgré l’apparition des premiers cas de

valvulopathies et d’

hypertension artérielle pulmonaire sévères.

Servier et l’ANSM, responsables de plus de 2000 décès ?Si le nombre de décès estimé varie de trois (selon le fondateur du groupe pharmaceutique Jacques Servier) à plus de 2000 (selon l’Inserm), le docteur Irène Frachon, pneumologue au CHU de Brest, qui a fait exploser l’affaire du Mediator® avec la parution de son livre Mediator 150 mg : combien de morts ? en 2010, assure que “Servier a mis en œuvre tout un tas d’initiatives pour que personne ne se rende compte que le Mediator® est bien une amphétamine, dangereuse, avec en particulier des effets toxiques semblables à ceux de l’Isoméride®”, rapporte RFI. Et malgré les nombreux signalements à l’ANSM, notamment par l’Agence européenne des médicaments (EMA), celle-ci “n’a pas agi suffisamment vite par culture de l’institution, qui ne savait pas écouter les alertes, mais aussi certainement à la faveur de membres de l’institution qui avaient des intérêts dans les affaires du laboratoire Servier”, suggère Charles Joseph-Oudin, avocat de plusieurs victimes.7 mois de procèsAu total, près de 165 millions d’euros ont été déboursés par Servier pour indemniser plus de 3700 victimes. Mais pour beaucoup d’entre elles, l’argent ne suffit pas : “On m’a proposé 110 000 euros la première fois, et 173 000 euros la deuxième fois, explique Michèle Jetot-Béhier, 73 ans, à Franceinfo. J’ai dit non. Une vie ce n’est pas 100 000 euros. Je n’attends pas de l’argent. Je voudrais qu’on ferme ce laboratoire, après je pourrai partir, je pourrai y passer.“Autre regret exprimé par les victimes : le fait que le procès se déroule sans Jacques Servier, décédé en 2014. Il aurait dû faire partie des 23 prévenus – 11 personnes physiques et 12 morales. “Je suis persuadée qu’il savait que son médicament était nocif, affirme Michèle. Mais ils vont se trouver des excuses.” Réponse à la fin du procès, qui devrait s’étaler sur 7 longs mois.Click Here: cheap nsw blues jersey