Plus de 15 000 candidats, venant de plus de 220 partis politiques, ou indépendants inscrits sur plus de 1500 listes, se présentent pour 217 postes de députés à pourvoir à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), le Parlement tunisien. “La probabilité d’être élu est de seulement 1,4%”, a calculé le site kapitalis.com.Deuxième scrutin législatif depuis l’adoption d’une nouvelle Constitution en 2014, troisième depuis la révolution de 2011 qui a chassé Zine El-Abidine Ben Ali du pouvoir, ce vote se déroule en un seul tour le 6 octobre. Il intervient trois semaines après le premier tour de la présidentielle qui a débouché sur un duel surprise : le magnat des médias Nabil Karoui, emprisonné dans le cadre d’une enquête pour blanchiment et fraude fiscale, face à l’universitaire Kaïs Saïed. Lequel a rassemblé un électorat hétéroclite, allant de la gauche aux plus conservateurs. Les résultats préliminaires des législatives sont attendus le 9 octobre.Listes indépendantes et visages nouveauxAu moins un tiers des listes en lice sont indépendantes. Ce qui brouille un paysage politique déjà éclaté en une multitude de partis peu différenciés sur le fond.Principale formation au Parlement, le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, en perte de vitesse, joue gros. Son chef Rached Ghannouchi, pourtant âgé de 78 ans, est candidat pour la première fois. On lui prête l’ambition de présider l’Assemblée des représentants du peuple. Victorieux en 2014, le parti Nidaa Tounes, mouvement hétéroclite rassemblé sur une plateforme anti-islamiste avant de s’allier à Ennahdha, a depuis volé en éclats.Plusieurs partis ont été créés ces derniers mois par d’ex-membres de Nidaa Tounes. Parmi eux : Tahya Tounes, lancé par le Premier ministre Youssef Chahed, candidat malheureux à la présidentielle ou Qalb Tounes, créé par Nabil Karoui. D’autres formations présentent des visages nouveaux, comme le mouvement Aïch Tounsi, démarré sous forme de mécénat culturel financé par une entrepreneuse, Olfa Terras, candidate à Bizerte (nord). Le mari  de celle-ci, Guillaume Rambourg, ex-cadre de la finance, a appuyé la campagne d’Emmanuel Macron.

Partisans du Coeur de la Tunisie, le parti de Nabil Karoui, candidat présent au second tour (et qui se trouve actuellement en prison), pendant un meeting de campagne à Tunis le 3 octobre 2019. (KHALED NASRAOUI / DPA)

Signe du désenchantement vis-à-vis de la politique et de la précarité profondément installée : nombre de partis peinent à trouver des habitants pour les accompagner sur le terrain. Résultat : ils en rémunèrent certains….Pour Ahmed, 23 ans, qui habite une banlieue très défavorisée de Tunis, les élections sont une aubaine : il a travaillé une semaine pour un parti, qui l’a payé 50 dinars par jour. “Vu notre situation, cet argent est bienvenu, je ne vais pas le cacher”, lance-t-il, mi-goguenard mi-amer, attablé avec quelques amis et “un café pour deux” dans une salle aux murs lépreux et aux chaises éventrées. “Plus je travaille avec ces gens-là, plus je les déteste : ils me voient comme un gars qu’on peut acheter pour 50 dinars, pas comme une personne qui a des problèmes à résoudre”, renchérit Belhacène, lui aussi lycéen en déroute. “Dès que ces élections seront finies, c’est le retour à la case départ, au désespoir”, soupire Ridah, le cafetier du lieu, un trentenaire payé 18 dinars (3 euros) par jour, sans aucune protection sociale, alors que la viande atteint 25 dinars le kilo. “Ma vie est noire, je n’ai ni maison, ni mariage, je vieillis, regarde je perds mes dents. Quand est-ce qu’on va me donner un vrai travail ?”Click Here: All Blacks Rugby Jersey