Les deux Français disparus le 1er mai au Bénin ont été libérés dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 mai par les forces françaises. Deux sous-officiers français sont tombés au combat. Des hommes du commando Hubert, “qui avaient déjà connu le combat, qui avaient survécu”.>>> Qui est le commando Hubert qui a libéré deux otages français au Burkina FasoCe qui fait de “cette opération un exploit, c’est que pour être sûrs de ne pas atteindre les otages, ils y sont allés au contact. Il y a eu un corps-à-corps et dans ce corps-à-corps, ils ont perdu”, raconte vendredi 10 mai sur franceinfo l’amiral Jean-Louis Vichot, ex-chargé des relations internationales pour le chef d’état-major de la Marine.franceinfo : Florence Parly, la ministre des Armées, a parlé d’un véritable exploit. Qu’est-ce-qui est difficile à réaliser dans ce type d’opération ?Jean-Louis Vichot : Ce qui est difficile à réaliser c’est que c’est le type même de l’opération qu’on n’avait pas prévu de faire pour commencer. Et personne n’avait imaginé que ces deux touristes, dont personne ne connaissait l’existence, seraient enlevés dans un parc national, même si c’était dans une zone un peu dangereuse. Et donc il a fallu, aussitôt qu’on a connu leur enlèvement, déployer des moyens pour essayer de trouver où ils pouvaient bien être. Une fois qu’on les avait repérés, il a fallu les suivre et au fur et à mesure qu’on les suivait, préparer simultanément l’opération de sauvetage, c’est-à-dire acheminer les moyens d’intervention cette fois-ci, donc des forces spéciales qui sont rôdées au contre-terrorisme et précisément au sauvetage des otages en danger. Les acheminer sur place et puis ensuite les mettre à proximité du détachement sans perdre sa trace et ensuite les placer au bon endroit pour qu’elles puissent agir au bon moment.Le commando Hubert est particulièrement bien entraîné pour ce type d’opération ?Je connais bien le commando Hubert parce que j’ai eu la chance dans ma carrière de commander deux sous-marins nucléaires d’attaque et donc de mettre en œuvre les nageurs du commando Hubert. C’est un des commandos d’assaut de la Marine. La Marine compte sept commandos dont quatre sont des commandos d’assaut. Et la particularité du commando Hubert c’est ce qu’on appelle les nageurs de combat chez nous, c’est-à-dire qu’ils ont aussi cette aptitude à combattre sous l’eau. Là, ce n’était pas le cas. Ils étaient dans leurs compétences “ordinaires” de commando ou plutôt “extraordinaires”, celles d’être capables de faire des opérations de coup de main, d’aller chercher des otages au milieu de leurs ravisseurs et de les extraire. De faire du contre-terrorisme aussi.Comment sont-ils sélectionnés ?Ce sont des gens qui sont sélectionnés d’abord au sein des fusiliers marins pour la plupart d’entre eux. Si vous regardez la biographie des deux marins qui ont été tués, l’un d’entre eux a commencé effectivement avec le pompon rouge comme matelot dans une compagnie de fusiliers marins. Et puis il a réussi très rapidement par ses performances, il était sorti major de son cours de brevet élémentaire, le premier cours qu’on fait dans l’armée, et il a postulé pour les commandos et il a survécu à l’entraînement très rigoureux que l’on fait. C’était lui le chef d’équipe. Le deuxième, Bertoncello, le plus jeune, a fait l’école de maistrance, c’est-à-dire qu’il est entré directement comme officier marinier, sous-officier dans la Marine et il a acquis très rapidement la qualité de nageur de combat. Et tous les deux étaient des équipiers habitués à travailler dans les conditions les plus extrêmes et fréquemment dans le désert puisque c’est là que nous avons énormément d’opérations spéciales. Ca a commencé en Afghanistan et ça se poursuit depuis déjà plus de cinq ans, dans la zone sahélienne. Tous les deux étaient des commandos reconnus, le premier avait 15 ans de service, le deuxième, 8 ans si je me souviens bien, donc ce sont des gens qui ont déjà connu le combat, qui avaient survécu.Comment s’expliquent ces deux morts ?Le chef d’État major a été très clair. C’est aussi ça qui fait de cette opération un exploit. C’est-à-dire que pour être sûrs de ne pas atteindre les otages, ils y sont allés au contact directement sans ouvrir le feu au préalable, contrairement à ce qu’on a l’habitude où pour limiter les pertes, on envoie un tapis de bombes et puis ensuite on va regarder s’il reste des morceaux en état de se défendre. Là c’est le contraire. On va attaquer des êtres humains en bonne santé mais on va essayer de les surprendre. Il y a eu une phase d’approche de 200 mètres à découvert. Imaginez-vous ! Les gens sont en train de ramper dans la nuit, il n’y a pas un obstacle où se cacher. C’est leur discrétion à la fois accoustique et visuelle qui fait le reste. Ils se sont approchés jusqu’à une dizaine de mètres de quatre abris. C’est là qu’on voit que la bande avait l’habitude. Elle n’était pas concentrée. C’est un peu comme les cow-boys et les indiens. Ils ne sont pas au milieu des chariots avec un feu. Ils sont chacun dans un abri dissimulé. Quatre abris qui vont être attaqués en même temps par quatre groupes de commandos. L’un de ses groupes est tombé peut-être sur des gens plus aguerris. Il y a eu un corps-à-corps, et dans ce corps-à-corps, ils ont perdu.