Dans le cadre d’une tournée africaine, l’émir du Qatar, Cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, est arrivé le 21 avril 2019 au Rwanda pour une visite de travail de trois jours. Ce déplacement a permis la signature de quatre protocoles d’accord dans les domaines du tourisme, du commerce, des investissements et du transport aérien entre les deux pays, rapporte le site Sahel Intelligence.Renforcer les liens entre Doha et KigaliPeu avant la cérémonie, Cheikh Tamim et le président rwandais Paul Kagame ont eu un tête à tête consacré aux perspectives de la coopération bilatérale. Les dirigeants des deux pays, qui entretiennent déjà “d’excellentes relations à plusieurs niveaux”, ont également convenu de renforcer les échanges d’expériences dans les domaines de l’agriculture, la technologie, les mines et les transports, précise ce site.Tombant les tenues protocolaires, l’émir du Qatar a même eu droit, avant de repartir pour le Nigeria, à une visite du parc national de l’Akagera en compagnie du président rwandais, comme en attestent de nombreuses photos postées sur les réseaux sociaux.

Une visite qui aurait pu être sans nuages si ce n’était la photographie prise à l’arrivée de Cheikh Tamim à l’aéroport de Kigali qui a aussitôt provoqué un tollé sur des sites de la presse arabe.

(Qui est l’homme au long passé dans le soutien aux organisations terroristes actives dans la région du Sahel et au Sahara, auquel l’émir du Qatar serre la main au Rwanda?)On y voit Cheikh Tamim serrer chaleureusement la main à l’une des personnes venues l’accueillir sur le tarmac, devant le président Paul Kagame souriant. Il s’agit de Moustapha Ould Limam Chafi. Un homme d’affaires mauritanien qui faisait partie du comité d’accueil “en raison de ses liens étroits” avec le président rwandais, écrit le site d’Al Arabiya, qui s’est chargé de diffuser le cliché.Selon cette publication en ligne, Moustapha Ould Limam Chafi est connu pour “sa longue histoire dans le financement d’organisations terroristes actives au Sahel et au Sahara”.Ex-conseiller spécial de l’ex-président burkinabè, Blaise CompaoréEn décembre 2011, le parquet de Nouakchott a même lancé un mandat d’arrêt international contre lui et trois autres Mauritaniens, “membres influents d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI)”, pour “financement du terrorisme et appui à des groupes terroristes”, rapportait de son côté Jeune Afrique.Ancien conseiller spécial de l’ancien président burkinabè Blaise Compaoré, Moustapha Chafi est connu pour sa proximité avec les organisations djihadistes radicales, notamment Al-Qaïda, présentes dans le nord du Mali. A l’appui de ces accusations, des photos de lui prises dans le désert malien en 2010 lors de la libération d’otages espagnols qu’il avait lui-même négociée, et publiées en novembre 2017. Selon Jeune Afrique qui a pu examiner les clichés, on peut le voir coiffé d’un chèche ocre, prier au milieu des djihadistes, brandir une kalachnikov ou poser tout sourire au côté de Nabil Makhloufi, ex-émir d’Aqmi au Sahara.#Burkina Quand l’ancien président Blaise Compaoré “dément” toute collusion passée et présente avec les terroristes du nord-Mali, on lui balance ces images: son chef d’etat-major particulier et son conseiller avec la racaille sanguinaire du sahel. #OnSait #Lwili pic.twitter.com/nIoz3zRNzb — O.C.Omar (@ocomar) 17 novembre 2017

On le voit aussi apparaître en compagnie de Mokhtar Belmokhtar et de Gilbert Diendéré, l’ancien chef d’état-major particulier de Compaoré, rapporte l’hebdomadaire français dédié à l’Afrique.Violemment critique à l’égard du pouvoir mauritanien, Moustapha Chafi avait dénoncé le mandat d’arrêt international lancé contre lui par Nouakchott, le qualifiant de “diffamation inacceptable”. “Tous les dictateurs ont accusé leurs opposants de terrorisme”, avait-il lancé. La coordination de l’opposition mauritanienne avait dénoncé, elle, une “instrumentalisation abjecte de la justice” pour museler toute contestation.La diffusion par la presse arabe en ligne de l’image de la poignée de mains entre l’émir du Qatar et l’homme d’affaires mauritanien vient en tout cas alimenter les rumeurs sur le soutien qatari aux organisations djihadistes, non seulement au Proche-Orient mais désormais aussi sur le continent africain.